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PHILOSOPHIE, SOCIOLOGIE, POLITIQUE, HISTOIRE, EDUCATION, ENVIRONNEMENT, RECHERCHES EN SCIENCES HUMAINES

04 Nov

Notes de visionnage - Cyril Dion, Demain, 2015

 - Catégories :  #environnement

Notes de visionnage - Cyril Dion, Demain, 2015

Alerté par les publications scientifiques sur l'effondrement possible de notre civilisation, les auteurs décident de partir à la recherche des diverses solutions mises en place à travers le monde. Le tout est présenté par thèmes (alimentation, transition énergétique, argent, démocratie, éducation…).

Le but principal et revendiqué est de rompre avec le catastrophisme et de donner une certaine forme d'espoir pour le futur. Après visionnage du documentaire, j'estime personnellement que le pari est largement remporté.

De nombreuses solutions alternatives sont déjà testées, évidemment à petite échelle, mais permettent d'espérer. Par exemple, pour ce qui est du problème de l'alimentation d'une humanité qui ne cesse de s'accroître à une vitesse hyperbolique, le documentaire évoque les micro-fermes s'appuyant sur la permaculture. L'exemple donné affirme que pour une surface de 1 000 m², on peut produire, grâce à la permaculture, autant que sur une surface de 1 ha, soit 10 fois plus grande. Et ce sans produit chimique, ni même d'énergie fossile. La production d'une micro-ferme peut donc rivaliser avec celles des grandes exploitations agro-industrielles.

On apprend également qu'au niveau mondial, 70% de ce que nous mangeons est le produit de petits paysans. L’agriculture à grande échelle n'est donc pas la règle. En outre, il est avancé que les grandes firmes agro-industrielles (Monsanto, Coca-Cola), la plupart du temps, ne produisent rien. Elles ne font qu'acheter et revendre des droits. Se passer de celles-ci serait donc plus qu'envisageable.

Le documentaire affirme que, en changeant nos modes de production, en privilégiant l'agriculture écologique, la permaculture, et en changeant nos habitudes alimentaires assurément trop axées sur la consommation de viande (qui s'avère un véritable gâchis environnemental et trop peu varié pour notre alimentation), on pourrait facilement nourrir correctement entre 10 à 12 milliards d'êtres humains.

 

Toutefois, le petit défaut de ce reportage sera de faire la part belle aux solutions officielles, ou semi-officielles. Les actions de certaines villes (Copenhague !) en faveur de l'environnement sont mises en avant. Ou bien celles qui se sont lancées dans l'expérience d'une monnaie parallèle censée favoriser l'économie locale et protéger des aléas de l'économie mondialisée. Jusqu'à l'interview de Pierre Rabhi, dont les idées, comme le montre un récent article paru dans le Monde Diplomatique, s'harmonisent parfaitement avec le discours de responsabilisation (culpabilisation) individuelle de l'idéologie libérale d'un Hulot ou d'un Macron, tout en mettant au rebut toute idée de lutte collective, toute idée de sanctions contre les plus grands coupables (Total, Monsanto, etc.).

Pas un mot sur les alternatives dites « auto-gestionnaires », celles qui appellent à une rupture totale avec l'économie capitaliste. Pas un mot sur les ZAD par exemple. Pas un mot sur la durable expérience zapatiste au Mexique, ni même les tentatives de démocraties participatives, certes critiquables, faites par Chavez ou Maduro ou d'autres pays d'Amérique latine (Lula au Brésil) rejetant la logique de l'impérialisme économique américain.

Comme expérience semi-officielle on peut évoquer cette association anglaise (Incredible Edible) qui a réussi à s'approprier des bouts de ville pour en faire des espaces verts ou poussent librement légumes et fruits au profit de tous les habitants. Cette expérience n'aura été possible que parce que le Maire de cette commune, après discussions avec le collectif, a accepté de mettre à disposition les terrains. Un changement de municipalité peut menacer cette entente à tout moment.

Dans le cadre du problème de la démocratie, un point (chronologique) est proposé sur la « Révolution des casseroles » en Islande. Suite à la crise de 2008, le peuple islandais refuse la proposition du gouvernement de « renflouer les banques » avec l'argent public des contribuables. Pour se faire entendre ils se mobilisent tous les week-ends au pied du parlement en produisant une cacophonie singulière grâce à des instruments de cuisine. N'en pouvant plus, le gouvernement démissionne quelques mois plus tard, en 2009. Le mouvement impose une nouvelle constitution rédigée par des personnes issues de la société civiles et tirées au sort. Cette constitution entend faire en sorte que les politiques soient responsables de leurs actes, devant le peuple. La constitution est plébiscitée par un référendum (67% de oui). Cependant celle-ci est au final rejetée par le parlement. Et le documentaire enchaîne alors avec une expérience de démocratie participative faite par le Maire d'un village indien.

Au final, je conseille ce documentaire, ne serait-ce que parce qu'il aligne différentes alternatives possibles qui permettraient de sauvegarder l'humanité ainsi que la planète sur laquelle elle vit. Cela va à l'encontre des actuels relents de malthusianisme, qui semblent resurgir au sein de la communauté scientifique, et dont témoigne encore le récent appel des 15 000 scientifiques (novembre 2017). Alors que celui-ci met au premier banc des accusés « la croissance démographique rapide et continue » comme « principal facteur de menace environnementale », le documentaire de Cyril Dion permet de comprendre que la situation n'est pas si désespérée. On se dirige bien droit dans un mur, mais cela n'a rien d'une fatalité, nous avons les moyens techniques pour passer par-dessus.

 

 

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